Accélérer la production de #biométhane en France? Oui c’est possible en (re)donnant confiance aux agriculteurs, aux élus-es, aux citoyens-nes.
De plus en plus décriés, les projets de méthanisation souffrent de quelques exemples d’unités mal dimensionnées ou volontairement surexploitées, alors que 1018 unités étaient comptabilisées au 1er janvier 2021 (https://sinoe.org)dont 805 à la ferme.
Pour la méthanisation agricole, les ingrédients de l’absence de confiance sont multiples car liés à des perceptions divergentes.
Tout d’abord, les projets naissant la plupart du temps de l’impulsion d’un ou de plusieurs agriculteurs qui agissent sur leurs terres, ces derniers perçoivent leur projet comme avant tout une activité qui s’inscrit complètement dans leur exploitation. Les porteurs de projet n’ont pas forcément conscience qu’ils ne seront plus perçus par les habitants uniquement en tant qu’agriculteur ; seront associés à leur image des représentations liées aux mondes industriels et financiers.
Les élus-ues sont rapidement pris entre ces deux perceptions et interpellés par les porteurs de projets et par leurs administrés. Les premiers rappelleront aux élus leur rôle au sein du territoire alors que les seconds produiront le principe de précaution pour demander la protection du cadre de vie au sein de la commune.
Comment construire la confiance dans ces contextes?
Afin d’éviter de réduire le développement d’un projet aux relations entre le porteur de projet, la commune et les habitants (même si la qualité de ces relations est fondamentale) il semble indispensable qu’une prise de conscience collective permette :
– à l’Etat, et à ses services, de rappeler aux maires et aux citoyens qu’il est le garant de la sécurité des personnes et de la protection de l’environnement dans le cadre de ces unités de méthanisations qui sont d’un point de vue réglementaire des installations classées pour l’environnement (ICPE) ;
– aux collectivités concernées (Communes, Com.Com. et Départements) d’accompagner au mieux les projets en prenant en compte les impacts des projets, notamment au niveau des voiries et du trafic supplémentaire généré, mais également les externalités positives (économiques, énergétiques voire agronomiques) qui s’expriment souvent à des échelles bien supérieures à celle de la commune concernée ;
– aux chambres d’agricultures d’appliquer leur expertise notamment pour que les plans d’épandage des digestats (matières solides et liquide résiduelles qui sont riches en fertilisants) soient en adéquation avec les caractéristiques du territoire et garantissent la protection des sols et de l’environnement.
Le besoin de confiance nécessite :
-de faire passer les projets de méthanisation de la catégorie « projets privés soumis à réglementation » à la catégorie « projets impulsés par des privés qui doivent s’inscrire dans un territoire » ;
– de systématiser l’examen anticipé des projets par les Pôles EnR et faire savoir l’existence de ces examens pour crédibiliser les projets ;
– d’accélérer les dynamiques territoriales au sein des ComCom et des départements (collectivités, chambres agricoles,…) pour identifier les conditions favorables de déploiement de la méthanisation probablement dans des approches englobantes des transitions énergétiques et écologiques ;
– de prendre en charge très rapidement les relations Projet/Commune/habitants.
Vous l’aurez compris, il apparaît que l’accélération de la production de #biométhane ne pourra se satisfaire d’un simple « Il y a urgence climatique et énergétique, donc il n’y a plus qu’à le faire ».