La sortie des énergies fossiles est à la fois un impératif climatique et un enjeu de souveraineté énergétique. En France, près des deux tiers de notre consommation énergétique dépend aujourd’hui des énergies fossiles, dont une partie est importée de Russie. La volonté affichée par le Président de la République et la Présidente de la Commission européenne est de ne plus dépendre du tout du gaz et du pétrole russes au plus tard d’ici 2027.
L’enjeu est double : sécuriser l’approvisionnement énergétique dans les mois à venir et accélérer la sortie des énergies fossiles.
Du temps pour les projets de biogaz hésitants
Le gouvernement a néanmoins annoncé des mesures pour « sortir au plus vite de leur dépendance aux énergies fossiles russes, et aux énergies fossiles tout court », a expliqué Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique le 16 mars. Elle souhaite d’abord augmenter les capacités de production de biogaz. En 2021, la France avait de quoi produire 6,4 TWh de biométhane par an, mais seuls 4,3 TWh de gaz dans les réseaux, soit a peine 1% de la consommation. Vu les projets dans les cartons, entre 2022 et 2024, la filière pourrait ajouter 15 TWh de capacités supplémentaires par an. Elle pourrait même fournir 70 TWh en 2030, soit 20% de la consommation de gaz et l’équivalent de l’importation des gaz russes, assure le Syndicat des énergies renouvelables (SER)
Pour cela, il faudrait rallonger à cinq ans au lieu de trois le délai entre la signature du contrat et la mise en service, avec une meilleure visibilité sur les tarifs de rachats. 8 TWh de projets pourraient ainsi voir le jour, plutôt que d’être abandonnés. Le lancement des appels à projets pour les unités de plus de 25 GWh/an et la mise en œuvre des nouveaux certificats de production de biogaz que les fournisseurs d’énergie devront fournir permettrait de libérer 1,5 TWh/an supplémentaire, assure le SER.
Pour accélérer, il est parfois nécessaire de prendre son temps en amont du projet
Face au challenge de sortir au plus vite de la dépendance des énergies fossiles, la Ministre Barbara Pompili a bien compris que les projets d’énergie renouvelable ont besoin de temps pour se développer.
La complexité du déploiement des unités de production d’énergie renouvelable est liée à leur nécessaire mise en adéquation avec le territoire d’installation. Dans la grande majorité des cas ses territoires sont ruraux et l’arrivée de ces unités de production, quel que soit le type d’énergie renouvelable, va entrainer obligatoirement des modifications du cadre de vie.
Vouloir aller trop vite c’est prendre le risque de bousculer le territoire et ses habitants mais également l’ensemble des acteurs socio-économiques.
Pour faciliter leur insertion locale, les projets doivent se fixer comme objectif une mise en adéquation avec le territoire.
Prendre son temps pour gagner ensuite du temps dans la réalisation du projet.
La mise en adéquation d’un projet avec son territoire ne s’improvise pas.
Tout développement technique d’un projet s’appuie sur une organisation, des méthodes et des process pour atteindre les objectifs en temps et en heure tout en respectant le cahier des charges et la réglementation.
La mise en adéquation d’un projet avec son territoire doit relever de la même démarche et avoir recours à une démarche structurée.
Les développeurs doivent donc impérativement prendre du temps pour s’approprier ce type de démarche mais une fois mise en œuvre c’est un temps précieux qui sera gagné.
L’acceptabilité, levier de l’accélération du développement des projets EnR
Les récents retours d’expérience de projets EnR qui ont eu recours à des process visant à faciliter leur acceptabilité locale montrent des gains de temps dans leur développement.
Les fondements de l’acceptabilité sociale sont :
- La sensibilité locale liée à la fois à l’organisation du territoire et aux valeurs qui lient les habitants à leur territoire ;
- Le nécessaire ajustement d’un projet à cette sensibilité dans ses dimensions technico-économiques mais également dans sa relation avec le territoire et dans sa gouvernance.
La mise en adéquation du projet avec le territoire doit s’appuyer sur l’analyse de la sensibilité territoriale et sociétale et sur des ajustements qui vont autoriser un équilibre entre faisabilité, respect des enjeux du territoire et des attentes locales.
Philippe Vervier
Pour aller plus loin : Masterclass « Comment favoriser l’acceptabilité sociale des énergies renouvelables »
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